Sacré Jam en mode bibliothèque

©Sasha Onyshchenko

Initié en 2016 dans les murs de l’École de danse contemporaine de Montréal (EDCMTL) par deux diplômées Raphaëlle Renucci et Silvia Sanchez, Sacré Jam a fait son chemin depuis. Après une première collaboration avec le Festival Quartiers Danses en septembre dernier, cet événement de partage et de mouvement s’allie pour sa 8e édition à la Grande Bibliothèque de BAnQ. Le 24 novembre, passionné.e.s de danse comme curieux.ses seront invité.e.s à investir le couloir de la bibliothèque et à laisser libre cours à l’expression de leurs corps.

« C’est fou comme privilège de pouvoir danser dans le hall de la grande bibliothèque ! se ravie Silvia Sanchez, une des créatrices de Sacré Jam. On aime les studios, avec des beaux planchers en bois, mais c’est aussi très nice de pouvoir investir des espaces différents, qui n’ont pas l’habitude d’accueillir de la musique ou de la danse ».

C’est après leur édition en partenariat avec le Festival Quartier Danses que la petite équipe bénévole de Sacré Jam s’est fait approcher par la BAnQ. Pour inviter le plus de monde possible à participer, la bibliothèque a proposé à l’équipe de Sacré Jam de proposer au début de la soirée une introduction à la danse. « Ça permet à tout le monde d’avoir quelques clés pour bouger, pour se sentir bien même s’ils ne sont pas des danseur.euses », dit Silvia. Bien que le lieu soit inusité, le concept de la soirée reste le même. « C’est vraiment un espace ouvert à tout le monde. On peut jouer d’un instrument, danser, dessiner ou simplement venir regarder », décrit Raphaëlle Renucci, la deuxième instigatrice du projet.

Après leur diplôme, Raphaëlle et Silvia décident de prendre une pause des jams. C’est finalement leur ami danseur Charles Brécard, qui avait alors lancé un concept de studios ouverts, Le Bercail, avec une autre danseuse Léa Noblet Di Ziranaldi, qui va réunir toute l’équipe derrière Sacré Jam. Deux musiciens, Amine Masmoudi et John Lost, ont aussi été intégrés au groupe pour ouvrir à la communauté de la musique. « L’idée, c’est que tant qu’à louer un studio pour pratiquer avec 2 ou 3 ami.e.s, on s’est dit qu’on allait l’ouvrir à tout le monde. Pour chaque édition, on se parle, on voit qui est disponible et chacun.e de nous contacte son réseau », explique Raphaëlle. Sacré Jam réunit donc des artistes de tout horizon. Lors de certaines éditions, il y a eu des peintres, des poètes, du mapping, etc. « On s’adresse vraiment à toute les formes d’arts vivants. On s’était rendu compte que dans le milieu des arts, on se croise régulièrement, sur des contrats, des auditions, etc., mais qu’on ne se voit pas sans pression, sans but en arrière. Sacré Jam, ça permet de partager, de vraiment se rencontrer aussi », développe Silvia. Ce qui reste en tout temps, c’est la présence de musicien.ne.s qui forment un petit houseband pour la soirée. « Mais après, n’importe quel musicien peut aussi se joindre à eux durant la soirée. C’est vraiment un jam, que ce soit ouvert à tout le monde », ajoute Silvia qui danse notamment pour Jacques Denis-Poulin ou encore Louise Michel Jackson.

Au fil des éditions, le concept de Sacré Jam est donc toujours resté le même. Seuls les salles et lieux ont changé. « Maintenant, on aime trouver des endroits qui permettent d’avoir deux salles, comme ça on peut créer deux ambiances distinctes et c’est cool », ajoute Raphaëlle qui danse notamment auprès de Rebecca Lazier et Mathieu Hérard.

Pour éviter d’investir trop de frais personnels, un petit coût est demandé pour chaque édition aux participant.e.s. Une façon pour l’équipe de bénévoles de rembourser la location de la salle. « S’il y a un surplus, ça va dans la cagnotte Sacré Jam pour l’édition suivante. On ne fait aucun profit là-dessus et tout le monde fait ça bénévolement. C’est aussi pour ça que les partenariats sont intéressants : ça nous permet de payer, un peu, les artistes », explique Silvia.

Des danseur.euses, mais pas que

Au départ, Sacré Jam vise à réunir les différentes communautés de la danse. « On ressentait vraiment ce besoin en tant qu’étudiantes, d’avoir un endroit où on pouvait juste danser entre nous, sans être évalué, sans but précis. On cherchait juste à être ensemble et à laisser déborder la créativité », se souvient Silvia lorsqu’elle évoque les premiers Sacrés jams qui ont eu lieu à l’EDCMTL. Après une pause après leur diplôme, Silvia et Raphaëlle ont finalement repris la tradition, sous l’impulsion de Charles qui en ressentait alors le besoin. « Dès le retour de Sacré Jam, on a eu du monde. Il y a toujours beaucoup de gens dans nos événements donc ça reflète que c’est un besoin de la communauté », poursuit Raphaëlle.

Bien que les habitué.e.s de Sacré Jam soient souvent des artistes du mouvement, Silvia et Raphaëlle répètent que Sacré Jam s’adresse à tous.tes. « La danse, à la base, c’est aussi pour se réunir. Il n’y a pas forcément besoin de savoir-faire. C’est naturel, comme la musique : tout le monde fredonne, chante un peu. On veut vraiment que les gens se sentent à l’aise. L’ambiance générale permet de ne pas être intimidé. C’est aussi pour ça qu’on propose deux espaces, dit Silvia. Souvent, des artistes d’autres disciplines, ou même des non-artistes, finissent par danser et c’est beau à voir ».

Lorsqu’on évoque le futur de Sacré Jam, les deux danseuses imaginent peut-être des événements dans des parcs en été, mais surtout « un lieu parfait et de la régularité ». « Ce serait incroyable qu’une institution nous offre un espace ouvert à la pratique, de façon mensuelle, ou hebdomadaire même. Un lieu qui soit accessible pour de la musique, de la danse, du théâtre, conclut Silvia. Ça nous permettrait de ne pas louer de studio et de rendre Sacré Jam gratuit pour les participant.e.s ».

Sacré Jam
Le 24 novembre à la BAnQ

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