Festival La Mèche courte : convier la danse pour les 3 à 17 ans
Spectacle : Wasco ! ©Danny Willems
La Mèche courte prendra vie pour la toute première fois à travers les quartiers de Montréal du 7 au 16 novembre prochain. Théâtre, danse, performance, cet événement multidisciplinaire souhaite offrir une place pour les artistes locaux et internationaux qui s’adressent au jeune public. Les complices de longue date Sylvain Cornuau et Mélanie Dumont, à la codirection du festival, nous en parlent.
Cela faisait déjà longtemps que l’idée d’un festival jeunesse trottait dans la tête de Mélanie Dumont et Sylvain Cornuau, tous deux grands consommateur.rice.s et acteur.rice.s de la vie culturelle québécoise depuis de nombreuses années. « On en parlait déjà il y a 10 ans ensemble. C’était une conversation informelle, mais continue. On se demandait de quoi Montréal avait besoin comme festival international jeune public », se souvient Mme Dumont qui après des études en théâtre, a travaillé pendant douze saisons en tant que directrice artistique associée au Théâtre français du Centre national des Arts. Sylvain Cornuau lui, se souvient que ces échanges portaient sur « plusieurs dimensions ». « On parlait à la fois du côté artistique d’un festival, de spectacles qu’on aimerait voir dans ce genre de projet, mais aussi de l’écosystème, de la façon de donner plus de visibilité et de porter la parole des artistes qui créent pour les jeunes », raconte celui qui a notamment occupé plusieurs fonctions en lien avec la promotion des artistes, la francophonie et la diplomatie culturelle au Conseil des arts du Canada.
Suite à la dissolution du Festival international des arts jeunes publics, Les coups de théâtre, en 2023, un appel à projet pour le remplacer est mis en place. C’est donc l’occasion idéale pour Mme Dumont et M. Cornuau d’enfin réaliser leur « projet de rêve » : Le Mèche courte. « Dès le départ, on savait qu’on voulait accueillir différentes formes artistiques, que le festival propose des formats croisés élastiques, entre la danse, la performance et le théâtre », explique M. Cornuau. Mme Dumont rajoute aussi que la dynamique spatiale au sein de la ville était un élément important pour proposer une première programmation. « Comment créer une cartographie du jeune public avec ce qui existe déjà comme lieux ? Quel autre pôle faut-il ajouter ? Ce sont des questions qu’on s’est posées. Et c’est pour ça qu’on a créé le festival en partenariat avec La Chapelle, Tangente, la Maison Théâtre, etc. Ce sont des endroits qui offrent déjà des initiatives pour le jeune public alors pourquoi ne pas les valoriser ? De plus, c’est intéressant de faire circuler les publics entre divers lieux de diffusion », ajoute-t-elle.
Ainsi, la Mèche courte propose 12 spectacles dans 8 lieux différents ainsi qu’en extérieur. Pour choisir les œuvres, les deux codirecteur.rice.s se sont mis d’accord sur plusieurs critères. « On a cherché des propositions multidisciplinaires et étonnantes. C’était aussi important de montrer un équilibre dans le nombre d’œuvres en danse, en théâtre, en performance, dans les pièces locales et internationales et qu’elles s’adressent à des tranches d’âge différentes », élabore M. Cornuau. La place des jeunes dans les œuvres a aussi été décisive dans leurs choix. « Plusieurs spectacles mettent des jeunes sur scène et on trouvait ça important, car c’est encore rare une telle présence, ajoute Mme Dumont. Les thématiques, comme l’exclusion ou la famille, étaient aussi importantes pour nous, mais on voulait qu’elles soient traitées de biais. Ce qui nous intéressait, c’était la façon d’en parler ».
Spectacle : Black ©Hop Festival
La danse, un art important
Mélanie Dumont et Sylvain Cornuau ont toujours côtoyé la danse, en tant que professionnel.le.s du milieu, mais aussi en tant que spectateur.rice. « C’était évident pour nous que la danse occupe une grande place dans le festival », affirme la codirectrice. Selon elle, la danse qui s’adresse au jeune public est encore peu présente dans nos salles de spectacle au Québec. « Quand on est chorégraphe pour le jeune public, on n’a pas beaucoup d’espace pour présenter notre travail alors on s’est dit que La Mèche courte pouvait être un point de chute supplémentaire et que le public, et les artistes allaient en bénéficier », poursuit M. Cornuau.
« La danse amène d’autres façons de raconter », estime Mme Dumont. Et c’est pour cette raison qu’il était essentiel de l’intégrer dans ce nouveau festival. « Voir la danse, l’expérimenter pour les jeunes, ça permet de redonner une dimension à la façon d’habiter son corps, être en interaction avec les autres aussi, pense le codirecteur. Surtout de nos jours, les écrans sont tellement présents qu’ils changent notre rapport au corps, et même nos corps ». Sa collègue et complice appuie tout à fait son avis. « On est saturé de récits, souvent formatés. Les artistes en théâtre cherchent justement à raconter autrement, à proposer des expériences plus immersives par exemple, et la danse, elle, par nature, est engagée dans cette recherche depuis toujours, élabore-t-elle. Pour les enfants, voir un corps qui bouge, ça crée une connexion forte. La danse nous rappelle aussi joyeusement qu’on a un corps, qu’il faut le mettre en action pour le sentir, pour le vivre. C’est vivifiant d’être en présence de chair et de mouvement ».
Ainsi, pour cette première édition, La Mèche Courte propose Wasco !, une œuvre qui mélange peinture en direct et danse de la chorégraphe belge de renom Lisbeth Gruwez, N’entre pas dans la forêt, il y a une forêt dans la forêt de Tabea Martin et Va falloir toujours toujours du Petit Théâtre de Sherbrooke et La [parenthèse] Christophe Garcia qui mixent la danse et le théâtre. Le festival mettra aussi le streetdance à l’honneur avec l’artiste montréalaise Céline Richard Robichon et son œuvre Imagé, ainsi que Oulouy, artiste originaire de la Côte d’Ivoire qui vit à Barcelone, qui présentera Black et Black Chorale. Dans cette dernière, une douzaine de jeunes streetdancers d’ici seront invité.e.s à prendre la scène, après une semaine de recherche sur le racisme et la discrimination auprès de l’artiste.
Mélanie Dumont et Sylvain Cornuau ont reçu « un bel engouement » depuis l’annonce de la tenue du festival. À l’heure où on se parle, plus de la moitié des billets a été vendu et plusieurs organismes et institutions leur ont fait part de leurs commentaires enthousiates. « C’est réjouissant de voir que les gens ont envie de prendre part à la fête, de découvrir de nouvelles formes, conclut Mme Dumont. On sent vraiment beaucoup d’amour du milieu, mais aussi des divers publics ».
La Mèche courte
Du 7 au 16 novembre
https://www.lamechecourte.ca/programmation