Tambours et danse 2025 : Provoquer les rencontres
©Kevin Calixte
LâĂ©vĂ©nement Tambours et danse sera de retour Ă MontrĂ©al pour une 25e Ă©dition du 24 juin au 5 juillet prochain. Ce stage intensif de 10 jours, initiĂ© par la fondatrice de la Compagnie Danse Nyata Nyata, Zab Maboungou, propose des ateliers avec des enseignants locaux et internationaux. Un rendez-vous pour les professionnels de la danse et de la musique, mais aussi pour les curieux.
Câest Ă la fin des annĂ©es 1990 que le premier stage Tambours et danse a eu lieu, soit prĂšs de 10 ans aprĂšs la fondation de la compagnie. « Câest tout un travail qui implique beaucoup de responsabilitĂ©s, de dĂ©veloppement et de relations pour proposer un tel Ă©vĂ©nement, donc on a pris le temps quâil faut », explique Zab Maboungou. DĂšs le dĂ©part, la fondatrice de la compagnie souhaite que le stage fasse partie du parcours professionnel mis en place en 2003. « Nyata Nyata est nĂ©e pour sâouvrir Ă des champs esthĂ©tiques divers donc ça allait de soi de chercher ailleurs, dâinviter des gens au sein de la compagnie », poursuit-elle.
Un autre Ă©lĂ©ment fondateur a aussi Ă©tĂ© de rĂ©unir danse et percussions. « RĂ©vĂ©ler ce qui est en circulation depuis longtemps, câest lâapproche que jâai toujours eue et câest pour ça quâil Ă©tait essentiel dâavoir les tambours. Ils sont un puit sans fond de connaissances et sont indispensables Ă la danse. On pourrait dire que le tambour est Ă la danse ce que la barre est au ballet classique, exceptĂ© quâil sâagit dâune ââbarre vivanteââ. Les tambours ne viennent pas seulement dâAfrique. Quand je suis arrivĂ©e ici et que je suis allĂ©e Ă la rencontre des Autochtones, jâai eu confirmation quâil nây avait pas dâart de la danse sans tambour. MĂȘme chose chez les Indiens ou les Asiatiques. Seul lâOccident semble avoir banni les tambours dans ce domaine. Allier danse et tambours permet de se questionner sur lâapproche rythmique et rĂ©sonante du corps dans lâespace et le temps », dĂ©veloppe la professeure de philosophie et autrice.
Enfin, la participation de formateurs-trices et mentores internationaux a aussi toujours Ă©tĂ© le socle de Tambours et danse. « Les gens pensent quâon veut mettre lâaccent sur les traditions, mais ce que je veux souligner, ce sont les artistes. Les personnes que jâinvite ne sont pas lĂ pour reprĂ©senter un drapeau, mais pour partager leur pratique Ă travers leur corps, leur culture, leur maniĂšre unique de transmettre. GrĂące Ă eux, on informe les gens sur les rythmiques du NigĂ©ria, du Ghana, du Nigeria afin quâils apprennent Ă les distinguer. On veut aussi voir ce que la personne reprĂ©sente actuellement dans le champ contemporain de la crĂ©ation », explique Mme Maboungou. Pour sĂ©lectionner les invitĂ©s, Zab Maboungou se laisse inspirer des rencontres et des voyages quâelle fait. « Ce qui compte, câest que je les ai vus Ă lâĆuvre, ailleurs quâĂ MontrĂ©al. Tout de suite, mon regard retient quelquâun dâintĂ©ressant et aprĂšs jâapprofondis. On commence Ă parler, Ă travailler ensemble, Ă se revoir lors de festivals par exemple. Mais je veux toujours que mes choix restent ouverts, que ça respire », indique-t-elle.
©Kevin Calixte
2025, année rituelle
Pour cette 25 Ă©dition, lâĂ©vĂ©nement Tambours et danse accueillera Zora Snake du Cameroun et Chris Walker, originaire de JamaĂŻque, et enseignant aux Ătats-Unis. « Je nâai pas fait exprĂšs, mais les deux sâintĂ©ressent au rite, Ă la substance du rituel et en quoi celui-ci nourrit leur recherche et le regard sur leur propre danse et crĂ©ations chorĂ©graphiques. Câest trĂšs particulier. Les deux partent cependant de points de dĂ©part diffĂ©rents. Lâun des CaraĂŻbes, lâautre de lâAfrique. Le hip-hop fait aussi partie de leurs influences », dĂ©crit celle qui sera, comme chaque annĂ©e, la troisiĂšme professeure du stage. Du cĂŽtĂ© des tambours, Zab Maboungou a dĂ©cidĂ© cette annĂ©e de laisser la place Ă des artistes locaux, soit son fils Elli Miller Maboungou, Bruno Marinez et Mohamed NâDiaye qui vit entre MontrĂ©al et le Mexique. « Câest ma maniĂšre de provoquer les tambourineurs dâici. Ils vont devoir proposer quelque chose pour le stage et mener ».
« Câest toujours surprenant de voir toutes les sortes de personnes qui viennent au stage. Câest souvent inattendu », se rĂ©jouit la chorĂ©graphe de renom. En effet, Tambours et danse nâest pas rĂ©servĂ© aux Ă©tudiants du programme dâentraĂźnement et de formation artistique et professionnelle en danse (PEFAPDA). Il accueille aussi de nombreux professionnels de la danse et des habituĂ©s. « Les gens connaissent le stage, ils savent Ă quoi sâattendre. On a rĂ©ussi Ă se bĂątir une rĂ©putation. Certains viennent exprĂšs chaque annĂ©e, parfois de loin, pour y assister », dit Mme Maboungou. Le stage, qui inclut chaque jour un cours de tambour puis six heures de danse, est donc ouvert Ă tous, mĂȘme aux amateurs. Un dĂ©fi pour les professeurs qui doivent sâadapter, mais qui sont habituĂ©s Ă ce genre de contexte. Pour la fondatrice de Nyata Nyata, câest une richesse dâavoir un tel mĂ©lange des niveaux, câest Ă dire « les personnes, les arts, et les savoirs » comme lâindique le credo de la compagnie. « On veut sâassurer que les gens restent Ă lâĂ©coute, de part et dâautre, pour Ă©viter toute indicent malencontreux. On avertit les personnes qui veulent seulement essayer quâelles seront aux cĂŽtĂ©s de professionnels-les et vice versa. Câest cela lâouverture », conclut-elle.
Tambours et danse
Du 24 juin au 5 juillet 2025
Au centre création danse Nyata Nyata